VIDEOSURVEILLANCE


Plateforme citoyenne de la cour et des chambres régionales et territoriales des comptes

Politique de surveillance de la ville d’Antony
Contribution le 30 septembre 2025, Emmanuelle Gouillart

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Corps de la contribution

La ville d’Antony se targue d’investir un million d’euro par an, depuis plusieurs années, dans son programme de vidéosurveillance – mais communique beaucoup moins sur les résultats de cette coûteuse politique d’investissement. Avec 610 caméras sur la voie publique (soit une moyenne de 2 caméras par rue…) et plus de 300 caméras dans ses bâtiments, la Ville d’Antony (65 000 habitants) est une des villes les plus vidéosurveillées de France, avec environ 14 caméras pour 1 000 habitants. À titre de comparaison, la ville de Nice, qui dispose du plus gros réseau de vidéosurveillance de France avec 4 300 caméras, est à un ratio de 12 caméras pour 1 000 habitants, donc inférieur à Antony. Aucun élément public ne vient éclairer le choix fait de ce ratio très élevé de nombres de caméras par habitant. Par ailleurs, la répartition géographique de ces caméras ne semble pas répondre à une politique cohérente de prévention en soutien aux forces de l’ordre. Bien au contraire, les nouvelles caméras semblent apparaître après des cambriolages, pour « rassurer » les habitants. Au coût de l’investissement (un million par an), s’ajoute un coût de fonctionnement d’environ 800 000 € par an pour les 12 équivalent temps pleins du centre de supervision et la maintenance du réseau (données fournies par le Maire d’Antony au conseil municipal d’avril 2025). Ces coûts élevés viennent creuser le déficit de la ville d’Antony : avec 172 millions de dette fin 2024, Antony est la 3e ville la plus endettée des Hauts de Seine et la 8e ville la plus endettée de sa tranche entre 50 000 et 100 000 habitants. Au regard de ce budget élevé pour une ville de la taille d’Antony, les résultats semblent maigres. Surtout, l’absence de transparence sur les motivations et les résultats de cette politique publique pose problème. Quelques maigres données ont pu être glanées par les élus d’opposition d’Antony Terre Citoyenne en 2021, dans le cadre d’une mission d’information sur le sujet. Cette mission indiquait qu’il y a eu en 2020, 222 exports d’images suite à des réquisitions de la police nationale; par contre, il n’y a pas eu de statistique communiquée sur le taux d’élucidation grâce à la vidéosurveillance. Alors que le rapport de la Cour des Comptes de 2020 sur la police municipale pointe la faible efficacité de la vidéosurveillance par rapport à son coût, on peut donc s’interroger sur l’utilisation de l’argent public à Antony pour financer ce nombre très élevé de caméras, leur exploitation et leur maintenance. Nous demandons donc à la Cour des Comptes régionale de réaliser un audit sur cette politique de vidéosurveillance à Antony. Il serait particulièrement intéressant de comparer cette politique d’Antony à d’autres villes ayant fait des choix différents pour leur politique de sécurité.