Le Maire sur le point d’expulser des familles en plein hiver, au milieu de l’année scolaire

Ne laissons pas le Maire faire exécuter en plein hiver, au milieu de l’année scolaire, une ordonnance d’expulsion visant des familles roms

Le collectif Antony Terre Citoyenne propose aux Antoniennes et Antoniens d’envoyer le courrier suivant à Monsieur le Maire, Jean-Yves Sénant, pour s’opposer au risque d’expulsion qui menace en ce moment l’un des deux sites précaires habités par ces familles.

Voici donc une proposition de courrier à adapter librement et à envoyer à M. le Maire :
jean-yves.senant@ville-antony.fr
Mairie d’Antony
Place de l’Hôtel de ville
92160 Antony

Monsieur le Maire,

Vous avez demandé puis obtenu le 13 décembre dernier du tribunal de Nanterre une décision d’expulsion de plusieurs familles « Roms » vivant sur un terrain communal au 10 rue Henri Poincaré. Je ne comprends pas que vous ayez entrepris cette action en justice, puisque de nombreuses raisons existent pour ne pas déclencher une instance judiciaire dans cette situation, raisons que je résume ci-dessous.

En ce qui concerne le terrain où sont installées ces familles, il était inoccupé et aucun projet d’emploi de ce terrain n’existe à moyen terme (avant 2024, semble-t-il). De plus il n’y a pas de trouble de voisinage puisque, de fait, il n’y a pas d’habitants dans le voisinage. Les nuisances alléguées par les entreprises à proximité ne paraissent pas sérieusement fondées. Les personnes occupant ce terrain sont des citoyens européens (de nationalité bulgare, roumaine ou même française), elles sont donc légalement en France jusqu’à preuve du contraire. Elles sont soumises en Europe de l’Est à des discriminations, pour ne pas dire des persécutions. Elles n’ont pas fait le choix de vivre dans un bidonville, elles le font par nécessité absolue. Les adultes ont, pour beaucoup, une activité professionnelle utile à notre collectivité (ferraillage). Quant aux enfants scolarisés, grâce à l’accompagnement d’associations et de citoyens, ils sont dans des établissements d’Antony de la maternelle au collège, à la plus grande satisfaction des intéressés, des enseignants concernés et de tous ceux, nombreux, qui souhaitent leur intégration.

Je vous demande de ne pas faire appliquer cette décision de justice, bien que le Tribunal de Nanterre vous ait donné raison. Faire exécuter maintenant l’expulsion, c’est briser pour plusieurs mois toute une démarche d’insertion, certes très précaire mais réelle pour les enfants (vaccination, scolarisation, apprentissage du français…), pour les adultes (socialisation en dehors du campement, insertion professionnelle…) et pour tous (sorties culturelles…). C’est aussi mettre à la rue ces familles sans tenir compte des rigueurs de la saison hivernale. Je remarque à ce sujet que depuis la loi Égalité et Citoyenneté du 27 janvier 2017, la trêve hivernale s’applique à tous les lieux habités. En l’absence de voie de fait, d’atteinte à l’ordre public et d’atteinte à la salubrité publique, rien ne justifie de procéder à cette expulsion pendant la trêve hivernale. En l’absence de relogement dans des conditions décentes et pérennes permettant aux enfants de poursuivre leur scolarité dans les établissements qu’ils fréquentent actuellement, rien ne justifie de procéder au démantèlement du campement Henri Poincaré.

Veuillez recevoir, Monsieur le Maire, l’expression de mes salutations citoyennes.
Antony, le